48 heures de calme

Samedi 21 Décembre, 03H24 TU, 21 ème position :

Je profite de cette petite accalmie pour vous donner des nouvelles ! La dernière fois j’étais toujours dans la tempête, depuis quelques heures le vent est complètement tombé. A l’heure où je vous parle j’ai 4 nœuds 5, le bateau avance à 5 nœuds et quel bonheur quand le vent s’arrête un peu !! Ça va me manquer dans quelques temps mais pour le moment ça me fait un bien fou de respirer, de pouvoir sortir sur le pont.

J’en ai profité depuis 2/3 heures pour renvoyer de la toile. Cette nuit j’ai fait une petite boulette, je me suis endormi et je n’ai pas entendu mon réveil. Je crois que j’étais complètement fatigué, le fait de savoir que le vent allait se calmer, j’ai un peu relâché la pression, la fatigue est tombée d’un coup et d’une puissance ! J’ai des douleurs au corps qui sont apparues, des gerçures sur les mains, d’un seul coup mon corps se dit « ok on peut lâcher ! ». C’est dire la pression qu’on avait depuis le Cap de Bonne Espérance, ça été sans répit est très intense, cela demandait une vigilance absolue. Ça fait du bien de se relâcher c’est comme une chape de plomb qui part.

Cette nuit je me suis réveillé avec 10 nœuds de vent, j’avais encore un ris dans la grand-voile, ma voile d’avant pas réglée, bref c’était cata. J’ai fait toutes les manœuvres et ensuite ça été le moment du grand tour d’horizon du bateau : checker toute la structure du bateau jusqu’à la crashbox (petite boite à l’avant). La bonne nouvelle c’est que toute la structure va bien. J’ai remarqué une voile déchirée (mon petit genak) et un morceau d’écarteur que je dois recoller. J’ai plein de petits dossiers comme ça, et j’ai 48h pour pouvoir tous les régler les uns après les autres, j’écris la procédure pour chacun, je priorise, et j’estime le temps qu’il faut, le matériel. Donc une petite organisation !

Surtout : j’ai aéré le bateau ! Il y a eu un petit rayon de soleil, je rangeais le spi, et comme c’est un peu mou je me suis assoupi dessus à l’avant comme en croisière. Je me suis accordé 20 min de sieste à l’avant avec le rayon du soleil qui frappait mon visage, un vrai bonheur !

Depuis 4 jours je vis dans un nuage, il n’y a que du gris autour de moi, de l’eau sur le pont. C’est comme si j’étais sous l’eau dans un nuage. Là je savoure cette phase sans vent et je vais en profiter pour prendre soin du bateau. C’est très bien que cela tombe à mi-parcours car on arrive de l’autre côté de la planète en Australie ! On a passé la Tasmanie et je suis là avec ma petite coquille de noix ! A quelques encablures d’ici c’est le continent Antarctique, il y a les albatros qui viennent me saluer ! Tout ça est très méditatif et ce moment de méditation va devoir laisser place au travail car j’ai quand même du pain sur la planche !

Là j’ai fait un grand ménage pendant deux heures car il y avait encore de l’huile partout dans le bateau. J’étais avec mes gants, mon éponge, c’était une vraie patinoire dans le bateau depuis plusieurs jours. J’ai utilisé du frein moteur pour assécher l’huile, ça marche plutôt pas mal alors je vous donne l’astuce. Le bateau commence à respirer, ça commence à être vivable, j’ai fait sécher le pouf, j’ai utilisé le pour remplir l’eau, faire une charge batterie, changer la poubelle.

Plein de petites choses pour rendre le bateau prêt pour un nouveau demi-tour du monde !

J’ai 48heures pour finir ce travail et me reposer si le vent veut bien être stable. Ca descend à 3 nœuds, ce serait bien que ça tienne à 5 nœuds. En dessous de 5 c’est fatigant, le pilote ne tient pas, il faut barrer, il faut ajuster les voiles, donc j’espère que cela ne sera pas à ce point-là.

L’enjeu des prochains jours c’est de réussir à passer de l’autre côté de cette zone de molle pour récupérer un flux de sud-ouest qui vient d’une dépression du sud pour faire route vers le Cap Horn et l’antiméridien.

 

 

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