22 Déc Retour à la case départ
Dimanche 22 Décembre, 06H47 TU, 21 ème position :
La fameuse porte vers l’Est, vers le Cap Horn s’est définitivement refermée sur nous cette nuit. La nuit a été assez dure, ça fait 24 heures que je me bagarre avec cette petite bulle barométrique. Comme toujours il y a une part d’aléatoire. Heureusement pour nos amis Isabelle & Jean, ils ont réussi à s’en extirper.
Moi je suis resté juste derrière, ça s’est joué à un petit nuage, à 11 petits miles. À l’échelle des 40 000 km qu’on va parcourir sur la planète ce n’est rien, et pourtant à la fin de la foire, c’est énorme car on est en train de changer de système et nous on va rester dans cette bulle qui gonfle pile autour de Théophile.
Je savais qu’il y avait une part d’aléatoire dans la course au large comme dans la vie. On ne choisit pas toujours tout. C’est sûr que les dernières 24heures moralement ont été un peu compliquées. A la fois j’essayais de garder ma tête occupée à faire avancer le bateau, à y croire coûte que coûte. C’est comme si vous preniez le métro et qu’à chaque fois la porte se refermait, vous courriez jusqu’à la station suivante et à chaque fois que vous arriviez à la station suivante le métro est juste là mais la porte se referme. C’est exactement ce qui m’est arrivé, je crois que j’ai fait toutes les stations possibles et inimaginables cette nuit. La situation est ce qu’elle est, il faut l’accepter. Ça veut dire que tous nos petits copains de derrière recollent fortement, ce sont 11 miles qui vont se transformer entre 500 et 1000 miles de retard par rapport et Isabelle et Jean, ce qui commence à compter un petit peu !
C’est très schizophrénique cette course, à la fois quand j’ai eu mon problème de vérin j’aurais échangé la situation dans laquelle je suis aujourd’hui et quand je pense à Maxime Sorel et Pipe Hare, ça fait relativiser sur la situation. On est content d’être en mer, le Vendée Globe ce n’est pas que ça, il y a plein d’autres choses à aller chercher. Et à la fois… le côté compétiteur, il y a ce côté ingrat d’avoir dépensé beaucoup de soi notamment les derniers jours, beaucoup d’énergie et de douleur pour en arriver là et parfois ce n’est pas récompensé. Les choses ne se passent pas toujours comme prévu et il faut faire face à cela, et ce n’est pas toujours facile de se remobiliser seul. C’est là où tu te rends compte de la puissance des liens autour de soi. À terre il y a toujours une bonne parole, un ami, un parent qui vient te sortir de ta spirale négative. Là, réussir à effectuer cet exercice seul, ce n’est franchement pas simple.
On est toujours dans ce petit flux, on a retrouvé du vent, on avance à 4 nœuds : déjà on avance ! J’entendais une phrase de Kersauson « il n’y a pas de vent favorable pour les gens qui ne savent pas où ils vont », je me suis dit que j’allais déjà essayer d’avancer dans la bonne direction et que ça apporterait probablement des vents favorables !
Je n’ai pas beaucoup eu le temps de m’occuper de toutes mes réparations, j’ai quasiment fini celle de mon petit genak. J’ai donc encore pas mal de boulot car l’objectif ne change pas de remettre le bateau à 100% pour cette deuxième partie de tour du monde et attaquer le Pacifique. Dans ce scénario, le train qu’on a raté, se transforme en zone très incertaine de vent fort et faibles mais au près donc ça ne va pas être un Pacifique aussi pacifique qu’on l’aurait souhaité ! J’imagine qu’il y aura plein de choses à tirer de tout cela ! On va quand même essayer de célébrer les fêtes de Noël dignement !
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