Une voile sauvée de l’eau

Lundi 13 janvier, 13H45 TU, 20ème position :

Je me réveille, j’ai dormi 11h, je me suis réveillé deux fois cette nuit. Je n’avais pas mis de réveil, j’avais mis uniquement des alarmes de vent, et le vent est resté toute la nuit exactement dans la même direction. Entre 19 noeuds et 21 noeuds, quelle chance ! C’est vraiment ce dont j’avais besoin ! J’ai fait 17,5 noeuds de moyenne au même cap pendant 8 heures : rapide, sur la route, et j’ai fait une nuit comme à terre !

J’avais vraiment besoin de dormir, j’ai du boulot qui m’attend ! Hier, il y a un hook qui a lâché et donc une voile est tombée totalement à l’eau. J’ai réussi après des heures d’effort à la sortir de l’eau intacte. Ensuite, forcément il a fallu réfléchir à tous les dommages collatéraux qui peuvent intervenir. C’est-à-dire que quand une voile tombe le petit bout qui est tombé peut se coincer quelque part dans le mât, c’est toujours un peu la loi des séries, une petite emmerde amène un effet domino et parfois complètement insoupçonné. Aujourd’hui j’ai du pain sur la planche, dès que le vent va mollir il va falloir monter au mât, vérifier l’étendue des dégâts, éventuellement faire quelques réparations. En fonction, on pourra décider de ce qu’on fait pour la suite et si oui ou non on trouve une solution pour réutiliser cette voile d’une façon ou d’une autre.

Pour l’instant tout va bien à bord, le moral est bon, paradoxalement ! Jusqu’à présent j’ai eu pas mal d’avaries à gérer et les premières j’étais vraiment dans un état de dépit, je me demandais pourquoi ça m’arrivait à moi, pourquoi ça m’arrivait maintenant, je trouvais ça hyper injuste. Au fur et à mesure des milles mon état d’esprit a évolué, là je n’étais même pas surpris quand la voile est tombée à l’eau. Je me suis dit « ok c’est ça qui arrive aujourd’hui, il faut la remonter ». Je me suis dit que je pensais ça car j’étais dans l’action, et avec le recul, le moral est bon; je crois que j’ai compris le principe du Vendée Globe ! Plutôt que de se morfondre sur l’avarie qui vient d’arriver, le jeu c’est d’essayer de deviner quelle sera la prochaine pour y être préparé ! Je me suis mis dans cet état d’esprit et du coup, ça va, je suis en mode guerrier pour finir ce tour du monde. Je l’ai bien compris, il n’y aura pas de moments de répit, il y aura quelques moments de bonheur furtif et il faudra savoir les savourer, le reste se fera en partie dans la douleur et je l’ai bien intégré !

 

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