Bonheur retrouvé

Mardi 28 Janvier, 9H45 TU, 18ème position :

Salut à tous, ici Pépin, sous pépin ! A l’heure où je vous parle je suis sur le pont du bateau, et j’observe ce magnifique spi qui vole tranquillement avec ce petit brin d’air retrouvé. Après les nouvelles de l’enfer quand c’était très dur, là on est en train de vivre le paradis : probablement le dernier plus beau lever de soleil du Vendée Globe. À partir de demain on va rentrer dans la dépression et ça va devenir tout gris. Là c’est le dernier, je suis sur le pont pour en profiter, honnêtement je crois que c’est l’un des plus beaux ! Il faut s’imaginer il y a la boule de feu qui est en train de sortir de l’eau sous un amas de nuages hyper sombres, et tout autour c’est pastel, rose, violet, vert, bleu : c’est magnifique ! Je savoure ce dernier petit moment sur le pont avant de ne plus pouvoir sortir la tête du bateau pendant quelques jours.

On est content à bord de Monnoyeur Duo for a Job pour trois raisons.

La première c’est qu’on a réussi pendant cette phase de temps calme à résoudre tous les problèmes du bateau, faire toutes les bricoles etc, c’est chouette !

Deuxièmement parce que j’ai bien dormi, je viens de faire deux nuits où j’ai bien dormi : quasiment 7 heures la première nuit et 5 heures cette nuit. Sans stress, donc je me sens bien rechargé pour la dernière semaine.

La troisième raison c’est qu’on a bien navigué ! C’était vraiment crucial ce passage de dorsale, parce que sortir en tête de la dorsale c’était important pour la suite. Non seulement on a recollé sur notre petit groupe Damien Seguin, Isabelle Joschke, mais en plus je pense qu’on est les mieux positionnés pour la suite avec ce petit décalage vers l’ouest. C’est très capitalistique notre système en ce moment : plus on est riche plus on est riche ! Plus j’ai de vent, plus j’ai de vent ! Plus je glisse, plus j’avance !

Normalement, si stratégiquement j’ai bien joué, dans les prochaines heures je devrais toujours être un peu plus rapide que mes petits copains. Y compris Tanguy Le Turquais que j’ai retrouvé hier soir. On a réussi à reprendre une dizaine de milles d’avance, je l’ai toujours en visu. Là on vient d’empanner, je prépare tout pour l’empannage, je me dis que je suis le premier à le faire, je termine ma manoeuvre et je vois que Tanguy a empanné. On se suit, on a les mêmes réflexes et analyses, c’est assez rigolo ce jeu de la régate ! J’espère que Jean ne va pas trop recoller, après le passage de dorsale, on va passer sur un bord où son bateau est nettement plus rapide que le mien donc il devrait revenir dans les prochains jours. Ça annonce une fin de partie haletante !

En tous cas tout va bien à bord, j’essaye vraiment de ne pas penser à l’arrivée et à me focaliser que sur l’instant et sur la prochaine manoeuvre et pas au delà.

J’aimerai pouvoir capturer le panoramique que j’ai sous les yeux car je vous le décris mais c’est unique, je pense qu’il n’y a qu’en mer qu’on peut voir ce genre de choses. Je vais prendre des photos mémorielles dans mes yeux et embarquer tout ça dans ma besace pour ces derniers milles, en espérant ne pas avoir d’avoir d’avarie ou au moins réussir à les gérer. En tous cas, être là où on est à une semaine de l’arrivée, avec tout ce qui nous est arrivé, c’est vraiment extraordinaire ! Donc voilà : le bonheur retrouvé !

 

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