H-24 : je pars faire le tour du monde !

Il est 8h51, le 9 novembre 2024.

Dans 24 heures, je pars faire le tour du monde !

Je l’écris comme un enfant se pince pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une chimère accrochée à mon imaginaire.

Dans 24 heures, le temps d’une longue déambulation sur le mythique ponton des Sables d’Olonne, je saluerai chaque bateau dont les noms des skippers me rappellera l’humilité avec laquelle il faudra demander à l’océan de me laisser boucler la boucle . Say It Ain’t So, Joe, de Murray Head, bercera mes oreilles.

Puis, j’arriverai devant ma monture. Le protocole est strict : il s’écoulera 13 minutes entre mon arrivée au bateau et le moment de larguer les amarres. 13 minutes. 13 toutes petites minutes pour dire au revoir aux vingt personnes douloureusement choisies pour m’escorter dans ce dernier instant de terrien. 13 minutes pour me remémorer chaque parenthèse de vie qui m’ont inéluctablement menées vers ce chenal, sans le savoir.

Des départs, je peux vous dire qu’il y en a eu. Des embrassades fraternelles, des câlins amoureux, des accolades amicales, il y en a eu. Le regard ému et reconnaissant d’un fils vers ses parents, il y en a eu. Des larmes qui jaillissent malgré soi, des cœurs serrés, des besoins de dire encore et encore ce qui nous lient, il y en a eu. Mais sur ce ponton, aux aurores, à l’orée d’une extravagante aventure, le feu d’artifice de sentiments mêlés de fierté, d’appréhension, de joie demeurera le plus gigantesque de ma vie. Le fil qui me relie à la terre, sur lequel je vais marcher en équilibre pendant 3 mois ne nécessitera en réalité aucun mot je crois. 13 minutes, 13 minuscules minutes, pour finalement : se taire, et ressentir !

Oui, dans 24 heures, je pars faire le tour du monde !

Je veux m’élancer vers ce chenal avec la certitude des fous. Vivre cette aventure sans laisser discuter ma conscience, ni désarmer ma volonté. Me laisser habiter par chaque sensation, chaque vibration car il me semble que nous sommes sur cette terre pour cela : vivre la palette entière des émotions de la vie. La joie comme la tristesse, l’exaltation comme le désespoir, le rire comme les pleurs. Je sais que c’est ce que je vais chercher derrière cette ligne d’horizon : des émotions pures, simples, enfantines et particulièrement exacerbées car en mer, je suis fragile, vulnérable mais tellement vivant !

J’embarque dans ma besace l’odeur de la tradition chaude posé sur la table au petit matin, la délicatesse d’une douche réconfortante après un bain de mer glacé, un poulet dominical posé avec empressement sur la table familiale, une balade en forêt m’inondant de vert avant beaucoup de bleu.

Ça y est, je viens de réaliser. Dans 24 heures, je pars faire le tour du monde !

 

Texte rédigé par Benjamin pour Le Télégramme.