Je ne suis plus marin, je suis terrien.

Pour la première fois depuis l’arrivée du Vendée Globe… je me pose ! Quelques jours à l’étranger, et une fois encore, au bord de l’eau, au bord de cet océan qui me rappelle le début de mon tour du monde. Une excursion marocaine pour réellement déconnecter … et peut-être atterrir … Chose que je n’ai pas réussi à faire depuis que j’ai bouclé ce tour du monde !

Mais combien de temps faut-il pour absorber un Vendée Globe? J’ai l’impression d’avoir juste vécu un long rêve mais que tout cela n’était pas réel. C’était si fort que j’ai l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui a vécu ces émotions… Et lorsque je revois des images je me surprends à me dire : « Ça a l’air incroyable ce qu’il a vécu ce type ». Mais ce type, c’est bien moi !

J’oscille depuis quelques mois comme un pendule, un petit balancier, entre mélancolie et légèreté. Ici, sous ce soleil écrasant, je prends le temps de découvrir les courriers reçus depuis mon arrivée, d’y répondre, ou de relire les lettres qui étaient cachées dans mon bateau lors du Vendée Globe ! Je dois même vous avouer qu’il y a six lettres de ma maman que je n’avais jamais trouvées, qui ont fait le tour du monde et que je découvre seulement aujourd’hui ! C’est drôle de lire à terre ce que je devais lire en mer !

D’ailleurs, ça y est, ça fait officiellement plus de 84 jours que je suis à terre. Je viens de dépasser mon temps de course du Vendée Globe. Je ne suis plus marin, je suis terrien.

Je retombe aussi sur des lignes gribouillées sur un bout de carnet lorsque j’étais dans les mers du Sud :

17.11.2024 12h T.U :

 » Le contact avec la terre m’abîme. Je sors d’une visio avec le Vendée Live. Et soudain, j’ai une énorme dose d’angoisse qui monte en moi. La caméra ne marche pas. « On est en direct Benjamin, on n’a pas le temps. On ne fera que de l’audio ». D’un seul coup, je suis rappelé au monde des terriens et je suis terriblement énervé contre moi d’y céder.

Je pense 🤔 : « Mince, mais pourquoi ça ne marche pas, ce truc ? C’est vraiment une connexion pourrie. Et bah voilà, personne ne va regarder. » Comment puis-je en une fraction de seconde, retomber dans le regard de l’autre et la comparaison alors que je suis le plus heureux du monde lorsque je m’en éloigne ? Et puis c’est pas tous les jours le Vendée Live ! Vite, déconnecte, reconnecte ! Je suis dégoûté ! J’avais envie de montrer le bateau de Giancarlo à côté du mien, c’étaient des images magiques ! De montrer l’ambiance, et en HD s’il vous plaît ! (sauf que j’oublie peut-être que je suis au milieu de rien et que c’est déjà un miracle de pouvoir parler à la terre…)

Vite : une question. Deux questions. Un dernier mot d’encouragement de l’invité de Duo for a Job. Bim. Terminé. Ciao Bonsoir ! Mais je ne suis plus habitué à cette vitesse moi. À l’urgence du direct. À la punchline. À cette frénésie.

Quelle claque ! C’est toujours dans la confrontation à l’autre que l’on réalise sa réalité. C’est drôle d’imaginer que je fais une course dans le but d’aller vite, et que paradoxalement, je ralentis ! Je me rends compte que je suis vraiment fragile au niveau de mes émotions et que lorsque quelqu’un vient y pénétrer, je perds pied !

Il est peut-être temps de ne me focaliser QUE SUR MA COURSE !  »

Alors pour tenter de remettre un peu d’ordre dans ce tourbillon d’émotions et de souvenirs, je vous partage ici une vidéo un peu spéciale, réalisée par Sarah Roussel : un condensé d’images tournées à bord pendant ces 84 jours.

 

 

Ce que je réalise, c’est que le passé me rend un poil mélancolique, l’avenir m’angoisse un petit peu mais l’instant présent me remplit de joie. Chaque moment que je vis depuis que je suis à terre, chaque journée qui débute, chaque projet qui me titille l’esprit me comble à la seconde où je le vis, alors si je suis heureux dans le présent, pourquoi se préoccuper d’autre chose pour le moment !

Je continue d’essayer d’aller dire Merci à droite et à gauche… Et tout cela prend un peu de temps !